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Je me souviens

Je me souviens du temps qu’il m’a fallu pour oser être pleinement dans mon corps.
Je me souviens de mon adolescence. Je portais toujours des vêtements larges, mon corps caché.
Il ne fallait pas le voir. Il ne fallait pas me voir.

Cela a duré un certain temps, jusqu’à ce que j’ose aller à un cours de modern jazz.

J’avais 19 ans. Cela faisait un an que j’avais mis un pied dans le monde professionnel et quitté le milieu familial.

Je suis arrivée au cours en juste-corps et collant noir. Petite fille naïve et bien sage.
Cela m’avait demandé un effort énorme de venir là. Je me remercie de ce courage.

Je me suis positionnée au fond du cours, genre… je suis là mais ne me voyez pas.
Sauf que …
Martine la prof de danse ne s’en est pas laissée conter !
Au deuxième cours, elle est venue me chercher pour m’installer devant, face à la glace.
Paralysée je fus ! Je n’osais pas me regarder. J’avais peur de prendre trop de place.

Le bal a commencé : Derrière, devant, derrière, devant …
Elle ne m’a pas lâché.

Le groupe était chouette . Des comédiens, des chanteurs, des danseurs !! Wow !! je rencontrais un autre monde. Accueillant, joyeux et chaleureux, en total décalage avec ce que j’étais, avec ce qui m’avais construit jusque là.
Au fur et à mesure j’ai oublié le juste-corps et le collant noir, au fur et à mesure je me suis regardée dans la glace, au fur et à mesure je me suis apprivoisée.

De mouvements gauches, je suis arrivée à suivre les chorégraphies, à me laisser bouger, à oublier, à être dans l’instant , à m’abandonner en corps et en musique .
Petit à petit, milieu, devant, milieu, devant …
Martine ne m’a pas lâché !

Et un jour …
Je me suis posée devant la glace, Martine face à moi.
Je me souviendrais toute ma vie de son regard, de son sourire.
Gratitude.

Puis j’ai quitté Paris, quitté la danse pour d’autres voyages.

Il m’a fallu de belles rencontres tardives avec des arts merveilleux pour m’y replonger et l’envie d’aider ceux, celles qui se vivent mal.

Je sais ce que c’est que de ne pas vouloir paraître, il peut y avoir de multiples raisons.
Les comprendre et s’en libérer nous autorise à Être.

J’ai eu la chance et le bonheur inouï de multiples rencontres qui me permettent aujourd’hui d’Être
et surtout de vous accompagner à Être en corps et encore.

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